Pierrot, t'es pas sérieux !

Ce vendredi matin commence une semaine de pèlerin solitaire, les amis des derniers jours (Alain, Chloe, les deux Pierre rencontrés au gîte du Cantou, et d'autres...) ont pris le chemin qui mène à Cahors.

Quitter Rocamadour,  ne pas se retourner, mon Chemin se poursuit.

Hier soir, radio Enghien diffusait en direct son émission "voyages" consacrée cette fois au Chemin de Compostelle. Invité en direct de Rocamadour, avec deux autres pèlerins, j'ai pris beaucoup de plaisir à participer à ce happening, et quand Aymeric, l'animateur (et gendre ☺), me demande de chanter, il est 21 h 30, dans ma petite chambre du Cantou (c'est le cas), mon "Salut à la compagnie" a résonné dans toutes les chambres des pèlerins,  cela m'a été confirmé ce matin au petit déjeuner... Ah le respect du sommeil du pèlerin !!!

 Marcher en solitaire, je l'avais probablement oublié !  Marcher en solitaire sur un GR où les seules indications sont les balisages rouge et blanc du GR  (très bien faits), cela me demande une grande attention.

 Adieu les nombreuses pancartes qu'on trouve sur les grands chemins, invitations à la pause café,  au gîte d'étape le plus splendide de la région,  ou tout simplement la petite pancarte philosophique à l'intention du pèlerin... Le nez en l'air de Pierrot,  l'absence de pèlerins sur ce chemin,  eh bien aujourd'hui je l'ai "payé " avec deux sorties du GR, pour marcher sur du bitume,  sans impact dommageable pour mes pieds (auxquels j'ai présenté mes plates excuses ce soir ). Allez, entre 27 et 30 kms, c'est ce que j'ai dû marcher, sous un soleil magnifique et dans des paysages de grande pureté.

Une des conséquences de mes errements du jour : j'ai raté la bifurcation (petite variante, ce mot honni par  quelqu'une des pèlerines chanteuses 😊) qui devait m'amener au terrain de camping "bellevue", seul endroit sur cette étape où je pouvais espérer un pique-nique (à Rocamadour,  pas d'épicerie ni de boulangerie ...). Je n'ai pas vu l'indication au détour d'un lieu étonnant : puits dans la forêt.

Pas de panique (enfin si un peu...), j'ai fait le bilan des victuailles que tout pèlerin cache soigneusement au fond de son sac : une clémentine,  deux carrés de chocolat,  un petit morceau de pain rassis de 3 jours et quelques noix de cajou !

Dans mon incommensurable sagesse, et perdu pour perdu sur une route que je ne pouvais identifier, je me suis assis  et j'ai décidé de "consommer" pain et /au chocolat ( bon, pas aussi savoureux que celui de Casimir ) et de garder quelques réserves pour la fin de la journée.

Miracle, merveille ou don du ciel ( choisissez le terme qui correspond le mieux à votre inclination spirituelle), à peine avais je repris la route qu'une pancarte (enfin!), jaillie de nulle part, m'indique "le Vigan : 4 kms" (c'est mon étape du jour ). Sauvé, miraculé ou émerveillé,  j'en décide immédiatement d'achever mon repas ( vous avez suivi, il me restait une clémentine  et des noix de cajou) et de m'accorder une bonne sieste, sur l'herbe et sous le soleil!

Ah la vie de pèlerin ! 

 Mon ami corse du Chemin, Alain,  m'à envoyé ce matin, un joli texte, je vous le livre...

"Il n'y a pas de hasard dans la rencontre : elle a lieu quand nous atteignons nos limites . Que nous avons besoin de mourir pour renaître.  Les rencontres nous attendent.  Mais parfois nous  les empêchons d'avoir lieu. Si nous sommes désespérés,  et si nous n'avons plus rien à perdre,  ou au contraire si nous sommes enthousiasmés par la vie, l"inconnu se manifeste et notre univers change. Les rencontres les plus importantes ont été préparées par les âmes bien avant que les corps se voient..." 

   P.Coelho 

A demain 

Comments

[JR]

Mais non Pierre, tu penses être seul... certes, tu chemines seul, mais nous t'accompagnons quotidiennement par la pensée et savons ce que tu ressens à chacun de tes pas : bonheur, allégresse et, sans doute, parfois souffrance. Bises à toi.